vendredi 30 novembre 2012

BIBISH MUMBU et YOKA LYE MUDABA - Les écrivains congolais sont en colère: M23, nouvelle tentative de balkanisation du Congo, laissez-faire et complicités "internationales", collusions et manipulations locales... et pendant ce temps-là le peuple congolais est toujours dans la merde


Didier de Lannoy

Le texte qui suit devait être posté sur le blog de Jodi (Lettres d'information) mais Overblog
- Ma (jeune) veuve mariée ne s'en formalisera pas ! 

m'a fait des histoires (article trop long, il faut réduire et gnagnagna) et j'ai
été amené à le transférer sur Blogger :

Veuveresse ya bomoyi !

2012
 
Quelques autres fronts (actifs ou désactivés) :


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Les écrivains congolais sont en colère !

M23, nouvelle tentative de balkanisation du Congo, laissez-faire et complicités "internationales", collusions et manipulations locales... et pendant ce temps-là le peuple congolais est toujours dans la merde

André YOKA LYE MUDABA


vient de publier, à Kinshasa
dans 
Le Potentiel du 30 novembre 2012
un de ses « confidences de chauffeur de ministre » intitulée
 

Guerre : Pleureuses à l'assaut de la Grande Ambassade et de la Monusco


tandis que

Bibish MUMBU 
 

très énervée, a «  juste posté un quelque chose sur son blog question de dé-grrrr.... »

Que quelqu'un aille leur dire

suivi de

Lettre au disparu, à l'absent


   
Je
J
e lis dans “Pili-Pili” du 22 novembre 2012 que “l’ombre” des Canadiens de FIRST QUANTUM, déboutés de leurs “droits miniers” à l’issue de la revisitation des contrats
(j’en parlais déjà en 2010 dans AnaCo 3/5: http://anaco3.over-blog.net/article-anaco-3---a-la-faveur-de-la-hausse-du-prix-des-minerais-les-mining-reviennent-en-force-45851934.html: d’autres entreprises minières… dont les contrats avaient fait l’objet d’une « revisitation »… grondent, fulminent, se cabrent, font du chantage, menacent … et Mike Farmer, Country Manager de la firme canadienne First Quantum Mineral ltd (dont le projet Kingamyambo Musonoï Tailings, KMT, projet d’exploitation des rejets miniers de Kolwezi, a été résilié) rappelle que les opérateurs miniers « sont capables du meilleur comme du pire » et entend faire passer (ou « bien envoyer » - sic, c'est très exactement le terme utilisé - cf AfricaNews, n° 405 du mercredi 16 au jeudi 18 décembre 2009) un message fort aux autorités congolaises… )  
planerait sur le financement du M23”... et que, précédemment, “des miniers canadiens avaient investi des millions de dollars” dans la campagne électorale électorale d'un des candidats aux élections présidentielles. On parle aussi de prospection pétrolière dans le parc des Virunga et de l'entreprise britannique Soco (South Africa Congo Oil) établie à Kigali, de Tony Blair, de différents intérêts liés aux USA... dont la « Grande Ambassade » est, à présent, assaillie par les pleureuses. De même que le quartier général de la Monusco. L'inertie et la « lâcheté » des soldats de la Monuscouilles molles (ce n'est pas moi qui ai inventé l'expression... mais comment me retenir
- Ma (jeune) veuve mariée va m'agonir : Phallocate ! Incivique ! Délinquant ! Adepte des anti-valeurs ! etc...
de la rapporter ?) stupéfient...je m'en étonne et on m'invite alors à relire la réponse donnée par le porte-parole militaire de la Monusco sur la « démonstration de force par paliers successifs », en réponse à une question d’un journaliste, lors de la conférence de presse hebdomadaire One UN du mercredi 25 juillet 2012 : 
Question du journaliste :
« (…) j’aimerais savoir si oui ou non la Monusco a ouvert le feu hier contre le M23, à Rutshuru ? »
Réponse du Commandant Thibaut De Lacoste, Porte-parole militaire MONUSCO a.i : « Maintenant, concernant l’emploi de la force avec les hélicoptères d’attaque, je précise un petit peu ce que signifie cette notion de « démonstration de forces ». La démonstration de forces vise à employer la force de façon démonstrative, dans un but dissuasif. Elle se fait par différents paliers qui sont autant de gradations, avant d’en arriver à l’extrême limite qui est l’utilisation de la force létale. Donc, ce qui a été le cas dans ce qui s’est passé ces derniers jours, ces différents paliers ont été suivis progressivement sans que pour l’instant, nous ayons été amenés à ouvrir le feu dans un but de neutralisation ou de destruction. J’entends par là, ces différents paliers sont un petit peu les suivants, de façon un petit peu schématique, je dirai : le premier palier d’une démonstration de forces consiste simplement à un survol bas de l’aéronef, au dessus des positions qui ont été identifiées, qui permettent de passer le message suivant, selon lequel, « les individus au sol ont été repérés et qu’on est capable de les surveiller et de suivre leur évolution » ; le deuxième palier consiste à tirer ce qu’on appelle « flare » thermique ou des fusées éclairantes qui sont un petit peu visibles et qui permettent de passer le message suivant, de dire « attention, non seulement nous avons vu, mais nous sommes capables d’ouvrir le feu sur vos positions » ; le palier suivant, dans l’emploi de la force, serait pour le coup, l’utilisation des munitions réelles mais tirées délibérément à côté de la position visée, pour indiquer « non seulement nous avons vu, nous sommes capables de tirer sur vous, mais en plus, voyez quels effets nous sommes capables de produire sur vous si vous franchissez la ligne rouge ». Voilà un petit peu les différents paliers successifs que nous pouvons observer dans le cadre de démonstration de forces. Donc, le principe de la démonstration de forces peut évidement impliquer les tirs de munitions réelles, comme je vous l’ai expliqué, sans que ce soit véritablement dans un objectif, dans une intention de neutralisation. Maintenant, quand cela ne suffit pas, évidement, nous pouvons toujours envisager l’extrême limite d’utiliser la force dans un but de neutralisation ».

diffuse  

ddl
alias Vié ba Diamba


André YOKA LYE MUDABA
 
Guerre : Pleureuses à l'assaut de la Grande Ambassade et de la Monusco

Cela fait deux semaines quelles sont , à même le sol, devant les barricades de la Grande Ambassade ! Elles sont nuit et jour. Au nom des morts de lEst ! Tous les matins, mon patron le Ministre des Affaires stratégiques et moi, sommes obligés de passer par pour aller au cabinet ministériel. Voie obligée pour contourner les embouteillages.
Ce sont les pleureuses en deuil de Goma. Ces pleureuses sont de tous âges et de toutes conditions sociales. Elles sont à prier et à chanter. A chanter et à pleurer. A pleurer et à danserAu nom des morts de lEst ! Hier en passant par là, mon patron de ministre et moi avons constaté un changement de décor. Ces pleureuses avaient installé un « malewa » improvisé, avec casseroles au feu de braise. Japprendrai plus tard, par la radio-trottoir, quelles venaient ainsi dinterrompre leur grève de la faim. Au nom des morts de lEst !

Je ne sais pourquoi, depuis quelques jours que nous passons par là, mon patron de ministre sarrête, et semble méditer en écoutant ces pleureuses. Il les écoute sans se rapprocher vraiment. Cest comme sil avait envie de dialoguer, de comprendre, de compatir. Mais, devant lindifférence de ces pleureuses, tout à leur douleur, mon patron de Ministre nose pas poser de questions. Et menjoins de repartir au plus vite.
Hier matin, changement de décor encore. Les pleureuses avaient fait venir une fanfare, et tout le quartier est entré en ébullition. Jai regardé autour : un cordon de la police, assez distante, assez indifférente.
Or, ce matin, à ma grande surprise, les policiers en fonction se sont mêlés aux pleureuses. Je ne sais pas si jai bien vu : jai cru voir des femmes policières partager le deuil, partager la douleur à travers chants et pas de danse. Et en uniforme ! Mon patron de ministre ma demandé de marrêter quelques minutes. Comme sil avait envie lui aussi de partager, de comprendre

Jai donc résolu, ce jour, à lheure de la pause, de rentrer par moi-même, à pied vers ce deuil des pleureuses. Pour comprendre ces femmes-pleureuses qui font le deuil en plein centre-ville, à même le sol, à lentrée de le Grande Ambassade. Je mapproche et jaborde celle qui paraît être la meneuse du deuil. Elle est inconsolable. Entre deux sanglots, elle mexplique que son mari de soldat na plus donné signes de vie depuis lEst, depuis la guerre. Elle me montre, serrée entre ses doigts en sueur, une enveloppe froissée ; de temps en temps, elle serre lenveloppe sur sa poitrine. Entre deux sanglots toujours, elle bredouille quon venait de lui annoncer la mort du mari, que cest pareil pour presque toutes les autres pleureuses. Je massieds par terre et écoute, au milieu de chants mêlés aux pleurs, des récits les plus poignants de la guerre de lEst, ceux que lon apprend ni à la radio-trottoir, ni à la radio tout court. Je me surprends en train de pleurer avec les pleureuses. Au nom de nos morts de lEst !

En face de moi, la plus jeune des pleureuses. Elle me dit, en sanglots, quelle ne connaît pas lEst du pays ; quelle ne connaît personne là- bas. Elle nest même pas de là-bas. Elle entend ce que tout le monde entend. Mais elle dit sa révolte à sa façon : « Yelélé ! Yelélé ! La guerre a mangé ses enfants, parmi les plus innoncents. Là-bas, la guerre est comme la troisième saison. La saison des foudres. La guerre, comme la foudre, se joue de la vie. Yelelé ! Yelelé ! ». Cette jeune pleureuse me dit, entre sanglots, quelle est « bongolatrice », cambiste au noir, sur la même avenue de la Grande Ambassade. Quelle a arrêté son boulot, par solidarité avec les autres pleureuses, quelle a dailleurs croisées par hasard là, sur le trottoir. Cette « bongolatrice » a tout laissé tomber, a pris sa natte et son pagne noir ; et a commencé le deuil. Au nom de victimes de là-bas, toutes inconnues delle !
La fin de ma pause de chauffeur de ministre approche ; je dois rentrer au cabinet récupérer la voiture officielle et mon patron de ministre. Je suis bouleversé par ce que jai vu, par ce que jai entendu, par ce que jai touché. Cette douleur-là est contagieuse. Elle na pas de docteur, na pas de prix.

Et me revient cette phrase énigmatique de mon patron de Ministre : « On tue un homme, on est un assassin, on tue des millions dhommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu »

YOKA Lye
andreyokalye@yahoo.fr

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Bibish MUMBU


Que quelqu'un aille leur dire

suivi de

Lettre au disparu, à l'absent
Mardi 27 novembre 2012, sur le blog de Bibish Mumbu, à l'adresse: www.bibishmumbu.com







Que quelqu'un aille leur dire

Qu’on est maitre de ce qu’on tait et esclave de ce qu’on dit, de ce qu’on fait !
Qu’il leur faut relire le livre, il y a comme des pages qu’ils ont sautées.
Qu’une population, c’est des êtres humains, pas une monnaie d’échanges.
Que leur réunion à Kampala ressemble à une grosse farce, pour preuve Paul n’a pas daigné se déplacer en personne et a envoyé sa Louise des affaires étrangères.
Que la déclaration du clan Joseph d’« écouter, évaluer et prendre en compte les revendications légitimes » est tout simplement incroyable… sinon les fonctionnaires devraient créer un SI72 – le mouvement des 72 mois de Salaires Impayés…pour qu’on les écoute eux aussi, qu’on évalue et qu’on prenne en compte leurs revendications légitimes : charges familiales, épouse et enfants, loyer, électricité, scolarisation, prime d’ancienneté de service, vacances dues, etc.
Qu’on ne discute pas avec ceux qui font du mal à notre chair et à notre sang, à ceux qu’on aime, ce serait leur donner un pouvoir de légitimation… on leur règle juste leur compte et ça c’est justifiable dans toutes les cours de justice du monde, même chez Obama – surtout chez Obama.

Au lieu de ça, non. Ils discutent, lui négocie, fait le fier et sa photo fait les unes du monde entier ou presque. Une amie québécoise, en voyant parler du Congo trois jours d’affilée au journal Métro de Montréal me disait : « Ça y est, il y a assez de morts maintenant pour qu’on en parle ici… »
Eh oui, avec ses troupes, il a pris la ville de Goma et il en est si fier… Il peut se targuer d’avoir réussi à passer à la télé rubrique des informations internationales, et son nom – Jean-Marie Runiga Lugerero - est aussi marqué dans l’histoire, à côté des autres. Hum ! Triste sort pour le reste de gens, ceux et celles qui ne font pas partie du mouvement et qui constituait jusqu’à preuve du contraire la population d’un pays ! Et c’est d’une indécence que de garder silence…
Tellement cette situation m’énerve, j’ai mis du temps avant de poster une nouvelle, puis… je me suis dit de juste reprendre cet hommage sous forme de correspondance à cet être cher, fonctionnaire de l’État à son époque…

Lettre au disparu, à l’absent

Muflor,

Cette année, j’ai envie de me dévoiler un peu plus et leur parler de toi.
Pour qu’ils comprennent cet attachement qu’ils pensent être une fixation ou même un arrêt dans le temps, certains même imaginent un refus de vivre… Aujourd’hui, un « bas les masques » s’impose.
Que je leur dise enfin que ce côté de moi où je prends le temps d’écrire et d’inventer un monde me vient de toi, et t’écrire aujourd’hui est un hommage…
Comme le fait de vivre, avancer, évoluer, aimer, partager, donner la vie. 

Ta mort fut un abîme, jadis. Désormais, elle est un puits. Une source.

On a toujours tendance à ne dire que du bien de ceux qui sont partis. Et pour beaucoup, c’est se rattraper sur les ratés et les non-dits. 
Toi, Muflor, tu as su me donner une essence, des valeurs, il en va de soi que je te compte parmi mes muses intarissables. Ce que je suis, je te le dois.
À quelque chose parfois malheur est bon… 

Les premières années de ta disparition, je me suis souvent demandée comment j’arriverais à vivre, à tenir le coup, à te rendre ce qui n’appartient qu’à toi, cet œil, ce dynamisme, cette façon de tout miser sur une détermination, une certitude, qui faisaient de toi un bosseur, un idéaliste, un battant. Personne n’a pu t’enlever ça durant ton séjour à l’hôpital. Personne n’a pu t’enterrer de ton vivant. Personne ne t’ensevelira dans la tombe. Certaines choses ne s’achètent pas. C’est très vrai !

Au début je refusais ton absence et me bagarrais contre elle. Puis, j’ai réussi à faire la paix avec moi. Ton absence représente maintenant une présence pour me rappeler que l’histoire a existé, que je viens de quelque part, un endroit merveilleux, et qu’il me faut continuer ma route moi aussi, jusqu’à mon arrêt. Forte de cela, j’ai su avancer !
Tes désirs ne rencontraient aucun obstacle. Tu voulais t’extraire de la réalité, tu pensais que tu avais la vie devant toi, tu étais quelque peu naïf et d’un idéalisme à couper le souffle, tandis que la société dans laquelle tu vivais était une vraie jungle. Un nid de vipères, un panier à crabes. Tes « amis » et « collègues » se servaient dans la caisse, toi tu espérais voir les mentalités changer. Du coup, tu étais seul à être honnête autour de la corruption. Ça faisait tâche et c’est toi qui avais l’air anormal… Tu n’as pas vécu dans la bonne époque que je me dis aujourd’hui… En même temps, si tu avais fait comme les autres, je ne serais peut-être pas en train de t’écrire cette lettre…
À quelque chose parfois malheur est bon !

Ton travail te passionnait, alors que tu semblais indifférent à ton entourage familial clanique. La famille manche-longue. Ils venaient sans cesse à la maison réclamer quelque chose, qui du support, qui de l’argent, qui de l’attention.
Tu n’avais pas le temps… C’est vrai que tu avais du mal à décrocher pour prendre des nouvelles de ceux que tu aimais. Ils en souffraient. On le voyait.
On ne le vivait pas. Alors on ne s’en plaignait pas. Avec le monde, tu étais comme caché derrière une certaine difficulté à exprimer tes émotions, comme si, surtout, tu t’en méfiais. Mais c’est le contraire qui transparaissait : on te disait autoritaire et je m’enfoutiste.

Tous les jours, j’ai des signes de toi.
Est-ce moi qui les fabrique, ou est-ce ton âme qui m’accompagne ?
De toutes les façons, je suis une partie de toi, c’est un fait.
Je vis, je voyage avec ton absence-présence. Y a des choses que je ne ferais jamais juste parce que je sais, comme avant, que tu n’aimeras pas. De toutes les vies sombres qu’on m’a prêtées, je n’ai eu ni le temps ni le loisir d’aller casser la gueule aux raconteurs. J’ai gardé le sourire – je le garde encore - jusqu’au bout en me sachant simplement incapable de déshonorer ton nom… et Dieu merci, ceux qui t’ont connu, qui nous ont connu avec toi, m’ont fait confiance et continuent de le faire.
C’est de là que me viennent mes pensées, des mots qui se forment dans le néant de toi. Te retrouver dans une circonstance, une image, un souvenir, une photographie. Suivre ta trace dans le vécu, les conceptions, les valeurs, la musique que tu aimais. Me souvenir d’un détail, d’une anecdote, d’une étreinte, des phrases que tu disais, de tes regards. De la manière dont tu voyais le monde. Regarder des fois avec tes yeux. Repenser à ton sourire. 

Chacun est unique.

Mais toi, tu l’étais encore plus que n’importe qui, une mélange de force et de fragilité, de douceur, de violence, de tendresse, d’indifférence, de présence absolue dans une absence qui pouvait rendre fou. Tu étais imprévu et maniaque à la fois, libre et attaché, sauvage et docile ; tu pouvais être si tendre et si dur parfois. Je te vivais comme un génie que rien n’arrête. Tu m’aimais. Et, chaque jour, cela me bouleversait.

Tu avais un caractère fort, si singulier et si impérieux que personne n’osait t’affronter. Tu disais toujours ce que tu penses, emballé ou pas. Tu étais plus dur avec ceux que tu aimais, plus demandant, plus exigeant. Tes paroles avaient une telle force que tu n’as jamais eu besoin de frapper qui que ce soit… Tu filais droit vers ton but, sans arrière-pensée, sans retenue.
Tous ceux qui t’ont aimé pourraient faire un portrait de toi, mais pour te connaître vraiment, il fallait vivre à tes côtés. Tu ne laissais rien transparaitre de ta vie dehors. Y avait une grosse différence entre dehors et dedans.
Et tu as su nous aimer tous et chacun sans partage, concentration maximale sur nos qualités, nos talents… c’est pour ça que ton souvenir restera toujours une source où aller puiser force et positivisme.
Je parlerai de toi à mes enfants.
Tout le temps.

Tes proches et amis t’appelaient comme ça, Muflor… nous, on t’appelait juste papa, affectueusement… et Helmut, quand tu n’étais pas là, évidemment. Puisqu’à notre époque, on vous affublait de tous les noms du genre, c’était nos codes. Tonton D., on l’avait surnommé Big B. Chez certains amis, c’était pire, leur père avait hérité le surnom de leur chien de garde, Chic Bill. Il ne laissait filtrer aucune entrée ni sortie, même de ses propriétaires.

Le plus rigolo, Muflor, c’est que tu savais, qu’on t’appelait Helmut. Maman dit que tu trouvais ça flatteur. Pour toi, ça renvoyait à une certaine discipline et un certain ordre que tu avais réussi à mettre en place chez toi…

Personne ne peut savoir à quel instant la mort nous emportera…
Alors vivons pleinement et sainement.

Tu feras toujours partie de ma vie, puisque je suis une partie de toi. Je pense qu’ils l’ont bien compris maintenant. Les gens. Repose en paix !

Et que tous ceux qui reposent avec toi, là-bas, allez dire à ceux qui s’amusent à vouloir découper la république, qu’ils feraient mieux de réfléchir avant, ils ne savent pas ce qui les attend...
On n’est pas des murs, ni des pierres, ni une idée, ni des choses, mais une population, des personnes vivantes et existantes.



Signé, numéro six