Didier
de Lannoy
Veuveresse ya bomoyi !
2012
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J'ai
un blème, un sacré problème !
Il
se passe, comme chaque année, bien des choses « graves »
au Congo...
Et je me demande si j'ai encore le droit
-
Et pourtant j'aime trop ça ? Cela correspond sans aucun doute à
ma nature profonde, non ?
d'être
"léger" et "farceur"... et d'anarchiser et de kokretcher et de kotonga batu ?
Je peux encore écrire mes bêtises, raconter mes
conneries ?
Je
peux déraisonner à fond la caisse?
Je
peux ?
Ok !
Etali bino ! Vous l'aurez voulu !
Voici
donc mon ultime
-
Mais ce ne sera certainement pas la dernière !
connerie :
Ma
veuve mariée et le paiement des frais d'entreposage et de
réfrigération du cadavre, ma veuve mariée et la TVA sur les
cercueils, le revenant de ma veuve mariée et le voleur de bougeoirs
et de couverts en argent...
Ma
veuve mariée
- C'est quoi vraiment la cause ? le M23 et David Van Reybrouck qui envahissent le Congo ? Notre petite-fille Sukina qui passe une semaine de vacances chez sa tante Hortense ? Le partenaire de scrabble habituel de ma veuve mariée qui est parti à Lomé ? Le vieux schnock de ma veuve mariée qui devient de plus en plus gâteux ? La température qui n'en finit pas de baisser ? Les eaux du lac Tanganyika qui baissent ? Jude et Moura qui nous font cruellement défaut ? La fin du monde qu'on nous annonce pour le 21 décembre 2012 ?
déprime
et je ne sais pas pourquoi et elle ne veut rien me dire et je dois faire quelque chose pour la tirer
-
C'est ma seule veuve mariée ! Et j'y tiens énormément... même si je me dispute avec elle tous les jours ! Buveuse de
bière, laïque et aimant danser devant le miroir (la rumba et le boléro de l'Ok Jazz, le mutuashi, le sundama et le ndombolo, "O nager", "Kwasa-Kwasa" et "Masasi calculé" de l'Empire Bakuba, la danse "punda" de JB Mpiana, le "ntuka mbwa" de Ferre Gola et le "mokongo ya nkoba" de Zaïko ressuscité...) de la salle à manger du palais mortuaire de la rue Maes (comme la bière) ! Vraie kinoise ! Bouffeuse de colons, de patrons, de flics et de curés ! Ata azali "bouche moko mabe", aleki bango nionso ! Personne ne la vaut ! Je suis cancer : c'est elle qui me fait vivre ! Surtout que mikolo oyo nakomi vrai mampuya !
de cet embarras ou de cette morosité...
Pour
la fin du monde, pas de problème. Mon ami Tchim Tabaro (qui
ne regarde pas toujours les infos à la télé, le soir, quand il
rentre du boulot... et me dit qu'il n'était pas au courant)
me
le confirme : « La
fin du monde,
c’est
une affaire strictement personnelle ! La fin du monde, c’est
individuel ! »
Pour
le reste, j'embauche une joyeuse équipe de sketcheurs kinois* et je
les invite à imaginer des situations qui pourraient égayer et
déchagriner ma veuve mariée
Voici
donc ce qu'ils
- Les "petits" d'Andele Maboke, de Molangi ya pembe, de Kwedi, de Matondo Mateya (alias "Sans souci") de Monzali ou de Mangobo ? Ou du Commandant Danga, du Caporal Murumba Suplesse et (le troisième homme du trio Dasufa) Abula Ngando Fasco?
proposent...
La
veuve et les « transports »
Un
sketcheur propose de mettre les services
-
Une ambulance ou un corbillard ?
d'un ou plusieurs
véhicules de transport spécialisés
- Les deux ? Mais
dans quel ordre ? Je peux aussi faire en sorte que l'un
roule plus vite que l'autre ! C'est une question de réglage !
On peut aussi organiser une course, prendre des paris, etc...
à la disposition
- Une brouette ou un pousse-pousse,
soki moyens ezangi ! On peut aussi transporter un cadavre moins
nanti sur un simple vélo! A Kin, on trouve toujours une solution !
de ma veuve mariée, frappée
par le malheur et
- Meeeeeeerde ! C'est toujours au plus mauvais moment que la ficelle du string lâche et que la bretelle du soutien-gorge ou les lacets du corset se cassent !
dont
la nouvelle vieille voiture vient à nouveau de tomber en panne...
C'est
nul !
Et, d'ailleurs, depuis que j'ai demandé l'asile (climatique, social et culturel) en République Démocratique du Congo, la voiture de ma veuve mariée n'a jamais cessé de gambader, comme un cabri, d'un coin à l'autre de Bruxelles !
La
veuve et l'autel
Un
autre sketcheur propose de mettre du lotoko, du « supu na
tolo » ou tout autre « nzela mokuse »
- Et d'y ajouter quelques larmes de jus de piment pilé... pour mettre le feu au calice et enflammer la langue, la prostate et les sens d'un vieux Scheutiste (près de 125 ans d'occupation missionnaire au Congo, de 1888 à nos jours, sous toutes les dictatures: Léopold II, Tintin, Mobutu, etc) de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie... et lui apprendre à danser le ndombolo !
dans
le burette d'eau du diseur de messe des morts...
Encore
plus nul !
Et
carrément absurde ! Le temps des missionnaires belges (répondant avec enthousiasme à l'appel du roi-propriétaire autoproclamé de l'Etat Indépendant du Congo) chargés de propager la foi coloniale (de convertir les réfractaires à l'économie de marché... d'identifier, de terroriser et de pourfendre les opposants à la liberté d'entreprendre) est révolu.
Et jamais ma veuve mariée ne conduirait à
l'autel le corps de son défunt mari, oh !
La veuve et
le déménageur
Un
autre sketcheur propose de se déguiser en déménageur et de frapper
à la porte
- Kokoko ! On
vient pour la caisse ! Mwasi ya mundele, donnez-moi la
caisse !
d'entrée du palais mortuaire de la rue Maes (comme la bière), à Ixelles...
Raté !
Le
mari de ma veuve ne se trouve plus à Bruxelles. Il est parti
-
A Bruxelles, il n'aurait sans doute pas passé l'hiver ?
se
réfugier (climatiquement, socialement et culturellement) à Kinshasa.
Et d'ailleurs, il n'est pas vraiment nécessaire de frapper à la porte, il suffit de sonner. A droite de la porte d'entrée du palais mortuaire, il y a une sonnette qui, souvent, fonctionne !
La
veuve et les frais d'entreposage
Un
autre sketcheur propose
-
On la fera passer par l'arrière !
de
faciliter l'évasion de ladite veuve mariée, retenue à la morgue
Ou
obligée de compenser en nature la dette contractée vis-à-vis de
l'établissement (délivrance d'une autorisation de don d'organes ou
cession de la dépouille mortelle à un atelier de formation à la
découpe chirurgicale, etc)...
pour
non-paiement des frais d'entreposage et de réfrigération
Ou
séquestrée dans une ambulance ou enfermée dans un corbillard pour
ne pas s'être acquittée (en sus du coût de la course) des frais
supplémentaire de nettoyage de l'habitacle et de remise à neuf des
coussins, couvertures et draps souillés par les liquides
humains et les odeurs nauséabondes...
du corps
naufragé de son défunt mari
Pas
mal + (auraient dit, en leur temps, Yan Koy et Kilosho) ! Et pas trop loin de la réalité des morgues, des hôpitaux et des maternités de Kin ! J'apprécie ! Mais
naboyi na ngai... je soupçonne le gaillard de vouloir se
servir au passage (profiter de son désarroi et escroquer à ma veuve mariée
une promesse de remariage ?)
La veuve et le
fossoyeur
Un autre sketcheur
propose
- Déjà toute seule au
cimetière... et effrayée à l'idée de se retrouver toute seule
ensuite dans la vie, dans la rue, dans le bus, dans la cuisine et la
salle à manger, dans la chambre à coucher, dans la salle de bain
(sous le douche) et au salon (devant la télévision)...
à
ma veuve mariée
- Une « veuve
subite », si jeune et si mal préparée !
de
draguer
-
Avant même qu'il ne rebouche le trou ! Sans atermoiements
funestes !
le
beau fossoyeur qui met son mec en terre ?
Echec !
(et suspicion légitime...)
Ce
sketch ne pourrait même pas être joué à Kinshasa, ni chez les
Béjarts, ni partout ailleurs. L'auteur est sûrement un Gicain...
qui a déjà tout oublié du pays.
Veuve ou pas veuve, vivante ou morte, à pied ou dans un
« transport », dans son quartier ou dans son palais, une
« mwana mboka » n'est jamais seule. Sans compter que,
dans la ville-province (Hoofdstedelijk Gewest) de
Kinshasa, il n'y a pas toujours et partout du courant électrique
pour regarder la télé et de l'eau pour prendre une douche...
La
veuve et la TVA
Un
autre sketcheur fait remarquer
-
C'est-y pas une excellente nouvelle ça, Mère !
à
ma veuve mariée que l'entrée en vigueur de la TVA, au 1er
janvier 2012, ne concerne pas l'importation de cercueils
-
Dûment habités ! Contenant des dépouilles mortelles
certifiées conformes !
et
des urnes funéraires
-
Avec, à l'intérieur, de vraies cendres de dépouilles incinérées !
Pas des poussières d'aspirateur !
et
lui propose de procéder
-
Comment ne pas profiter de l'occasion et saisir l'occasion de
voyager « moins cher » pour l'Europe, Mère ? On peut
supposer, en effet, que l'exportation de ces mêmes biens et valeurs
est également exonérée de la TVA !
au rapatriement de
ma dépouille mortelle, préalablement congelée, dans un cercueil
aménagé en frigoboxe, en faisant bien attention cependant à
respecter la chaîne de froid...
N'importe quoi ! Encore
raté !
Jamais ma
veuve mariée ne se lancera dans l'import-export de cadavres (ou de "bana ngulu" déguisés en cadavres et habillés chaudement pour affronter l'hiver des soutes). Elle
s'est prononcée fermement à ce sujet. On vit ou on meurt meurt là où on est
mort ou vivant ! Et on ne fait pas de chichis ! En outre
- C'est en dehors du sujet mais ça procède de la même philosophie !
avant même
de prendre l'avion pour Kinshasa, et pour qu'elle m'accorde son
« visa de sortie », j'ai dû
-
Une exigence affectueuse et confraternelle (je
suis, en effet, tout à fait disposé à ne pas lui rendre les mêmes
"services", à ma belle, lorsqu'elle commencera à inventer
de nouvelles recettes et à sucrer les fraises de Mbanza-Ngungu avec
du bicarbonate de soude et du pili-pili: fraises ya limbondo...)
de
ma femme mariée, en voie de veuverisation : "si jamais tu
t'attrapes (kake ! ) un AVC, une mauvaise balle ou une sale maladie
et que tu deviens complètement (c'est à dire un peu plus que tu ne
l'es déjà, vieux schnock !) gâteux... ne compte pas sur moi pour
te ramener à la rue Maes (comme la bière), te donner la becquée et
pousser ta chaise roulante !"
Le
revenant de ma veuve mariée et les couverts en argent
Un
autre sketcheur propose enfin que
je survive au M23, que je rentre mourir tranquillement à Mputuville
et que je surprenne quelqu'un, en pleine nuit, occupé à... mais
peut-être s'agit-il d'un voleur, occupé à... ou de quelqu'un qui
veut
- Porte-t-il un
serpent lové autour de son cou ? Ou un corbeau perché sur
son épaule ? Des rats couinent-ils dans les poches intérieures
de son long manteau d'hiver ?
se
faire passer pour un sorcier, occupé à... dévaliser la chambre
mortuaire dans laquelle mon corps repose au dernier étage du palais de ma veuve mariée, rue Maes (comme la bière), à Ixelles,
et à piller le potager collectif dans lequel ma veuve mariée envisage
-
Subrepticement, nuitamment, écologiquement et même
érotiquement ? Du côté des tomates, des courgettes ou des blettes ?
- Dans le terreau, oh ! Qu'il serve à quelque chose et qu'il se rende utile ! Il n'a jamais rien foutu dans ce potager !
d'enterrer
ma dépouille mortelle, aux environs de l'AZ-VUB... et cet autre
sketcheur propose alors que je fasse l'imbécile, que je mette un
doigt devant le bouche et que je susurre à voix basse au visiteur
nocturne : « Bonsoir, collègue ! Croyez-vous au
diable et aux revenants ? Aimez-vous les radis noirs ou
préférez-vous la racine des pissenlits ? Je constate que vous
appréciez les billets de banque usagés, les bougeoirs et les
couverts en argent, mon frère ? Êtes-vous amateur d'art ou
simple brocanteur ? Vous avez tout pris ? Vous êtes sûr
de n'avoir rien oublié ? Vous avez pensé à me laisser mwa
eloko quand même... un souvenir de l'être disparu, une relique ou
un trophée, un oignon ou des herbes fines, une cuillère à café ou un bougeoir ? »
Waya !
N'importe quoi !
Toujourrrrrrrrs raté !
Parce
que, de toute façon, asi nakomi mampuya, je ne suis pas encore
mort ! Et que ma veuve mariée n'est jusqu'à présent que la
veuve d'un vivant !
Et
d'ailleurs, rue Maes (comme la bière), il n'y a pas, il n'y a jamais
eu et il n'y aura jamais, de bougeoirs et de couverts en argent...
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* Qui sont mes
sketcheurs et je les recrute où ça ?
Dans le milieu des bonimenteurs et mystificateurs de la "vie de tous les jours"... des "inventeurs d'histoires" qui mettent (contre rémunération) leur talent à la disposition des demandeurs d'asile... des
faux féticheurs (bluffeurs et charlatans, amuseurs de l'ex-Galerie présidentielle et arrangeurs de bidons d'huile de palme ou de pétrole au Zando ya Munene, entremetteurs et
commissionnaires... supposés - mais, à Kin, on dit n'importe quoi ! - avoir promis au V.Club du général Gabriel Amisi - dit Tango Four ou Tango Fort - une
victoire électorale écrasante sur le Tout Puissant Mazembe du gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, à l'issue du championnat de la Linafoot 2011-2012 ? n'importe quoi !) ou des mascotteurs
comme on dit « en argot kinois de Bruxelles » (tandis
qu'à Yolo, au camp Kauka et dans
- J'ai même demandé à
Gogodo et à Petit...
le milieu des sapeurs « langilaphones »,
ce mot-là, on ne le connaît même pas)... de ceux qui ont toujours une aventure extraordinaire (un récit à épisode et, quelquefois, très détaillé) à rapporter aux gens pour mieux les
« abuser »...
Ces « faux
féticheurs », sketcheurs et scénaristes pleins
d' imagination, profondément kinois, particulièrement farceurs
et inventifs, n'ont rien à voir, évidemment :
- ni avec les vrais
sorciers (pour lesquels j'éprouve le plus profond respect): les
régulateurs de la vie sociale, les gardiens du savoir et de
l'histoire, les résistants à l'occupation étrangère (les
« ennemis » de Tintin, des missionnaires, des colons, des militaires
et des policiers, des infirmiers-vétérinaires et des instituteurs-ânonneurs, des cadres
territoriaux et de tous les fondés de pouvoir, propagandistes et
hommes de main de l'économie de marché), à la déculturation de
toute une société, à l'indigénisation
et à la prolétarisation de ses membres et à la marchandisation de
toutes ses valeurs...
- ni même avec ces prétendus
« sorciers » (hommes et femmes, enfants et vieillards)
qui ont été fabriqués de toutes pièces par les églises « du
réveil » d'inspiration nord-américaine, pour faciliter
l'emprise des pasteurs sur la population et permettre aux « hommes
(et femmes) de Dieu » de maximiser leurs profits.