dimanche 6 janvier 2013

YOKA LYE MUDABA - Histoire et actualité: "4 JANVIER 1959 à Kinshasa : les mythes populaires" et " BONANA : Vivres et poulets… « bancarisés » !"


Didier de Lannoy

Le texte qui suit aurait évidemment dû être posté sur le blog de Jodi (Lettres d'information) mais, une fois de plus, Overblog (avec le complicité de Standard Telecom) m'a fait des embrouilles si bien que
- Cela devient une habitude ! Ils vont finir par perdre ma clientèle !
j'ai encore été obligé de me réfugier sur Blogger, dans une parcelle de Mwana Danzé, alias la Veuve mariée ...

 

Veuveresse ya bomoyi

2013 
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Recteur de l'Institut National des Arts, certes, mais avant tout écrivain...
YOKA LYE MUDABA
vient de rédiger et publie, aujourd'hui même, à Kinshasa, dans le quotidien Le Potentiel


4 JANVIER  1959 à Kinshasa : les mythes populaires


de même que sa dernière « confidence de chauffeur de ministre »



BONANA : Vivres et produits... "bancarisés" !




Je
Deux « livraisons », je suis gâté : les mythes populaires se rapportant aux « événements » du 4 janvier 1959 et un « confidence de chauffeur de ministre » sur la bancarisation !
Ce dernier texte est un très beau cadeau que j'ai 

- Tout comme un certain nombre d'amis, évidemment !
reçu de Yoka Lye Mudaba pour la nouvelle année (après 2012, année de la « bancarisation »... moyen efficace de lutter contre « le management par la dîme », on peut espérer que 2013 sera l'année des comptes, à la place des poches, bien remplis ?) Et internet me permet de multiplier ces deux textes (comme les pistolets, les croissants, les petits pains au chocolat... ou les kwangas des Evangiles ?) et de les redistribuer à tout le monde... tout en les gardant pour moi tout seul ! Je ne vais quand même pas laisser passer l'occasion ! E bongo !

diffuse



ddl
alias Vié ba Diamba

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4 JANVIER 1959  à KINSHASA : LES MYTHES POPULAIRES

Les faits historiques qui entourent les émeutes du 4 janvier 1959 sont trop connus pour qu’on y revienne : d’ailleurs tout le week- end passé, des commentaires en tous genres ont tenté d’illustrer l’événement. Mais dans ces commentaires la part des mythes populaires est inexistante. L’histoire, n’a-t-elle pas parfois besoin de mythes pour consolider foi et devoir de mémoire ?

  1. « Dipanda »
Un des mythes de base entretenus à la fin des années 50, années effervescentes d’avant-indépendance, c’est celui de « dipanda mediate », déformations paradoxales d’ « indépendance immédiate ». En 1959, sans doute à cause des surenchères politiciennes, l’ « indépendance » avait été perçue par le commun des Congolais comme l’épiphanie, comme un changement magique des rôles, le Noir remplaçant le Blanc, et le petit peuple accédant au bonheur clés en mains. A ce titre l’histoire de la RDC est ainsi jalonnée de mythes en trompe-l’œil, tels « démocratie » (devenue « démon-cratie » au fil des déceptions), « changement radical », « révolution », « développement », etc.

  1. « Roi Kasa »
L’histoire de notre pays est aussi jalonnée d’élans messianiques plus ou moins porteurs, notamment chez le peuple kongo : mythes rédempteurs de Kimpa Vita, d’André Matsoua, de Simon Kimbangu, etc. Tout au long des années 50, Joseph Kasavubu, président de l’Association des Bakongo (ABAKO), apparait comme le plus radical des hommes politiques congolais face à l’administration belge. Plus radical même que Patrice Lumumba. En 1959, pour les Bakongo, Kasavubu, « roi Kasa », est un nouveau messie. Que d’anecdotes autour de sa personne ainsi que de ses faits et gestes politiques ! Traqué par la police coloniale, il apparait aux yeux du peuple comme un Simon Kimbangu passablement thaumaturge, qui disparait et réapparait comme un génie, donnant ainsi du fil à retordre à la Sûreté belge.

  1. Magie et force vitale populaire
L’un des moments vraiment embrayeurs de la révolte populaire du 4 janvier 1959, la toute première du genre à Léopoldville depuis la colonisation, c’est la conjonction d’un double mécontentement dans le périmètre de l’actuel quartier Matonge : celui d’une part des militants de l’ABAKO déçus par l’annulation du meeting politique de Kasavubu et de ses alliés ; et d’autre part celui des supporters de la très populaire équipe de foot-ball, V.Club, battu de façon inattendue, ce même dimanche 4 janvier 59, par un adversaire pourtant à sa portée, l’équipe Mikado. Les deux marées humaines de déçus ont alors déferlé sur le Rond-Point Victoire et ont fusionné, avant de se propager comme poudre à canon dans les quartiers environnants, détruisant au passage tout ce qui ressemblait de près ou de loin à quelque vestige colonial : édifices religieux et civils, ainsi que leurs contenus ; poteaux de signalisation, espaces de loisirs réservés aux Blancs, etc. Les Kinois se souviennent de ces anecdotes insolites relatant l’immense force destructrice de « nains », de « djinns » et autres zombis dénudés, sortis droit des cimetières et de l’au-delà, afin de prêter main forte, de façon exceptionnelle, aux émeutiers déchaînés. Ce sont ces « esprits » de l’au-delà qui auraient causé les plus grosses casses. Comme quoi la revendication de l’indépendance et l’expérience alors éprouvée de la supériorité du Noir sur le Blanc ont été galvanisées par les ancêtres eux-mêmes. Le soir de ce dimanche tragique, au moment où la Force Publique alertée traquent les émeutiers et tirent à balles réelles dans la foule, ces « nains » invincibles n’ont-ils pas allègrement neutralisé et dérouté ces projectiles meurtriers ?

  1. La revanche du Blanc par la magie de la technologie
La riposte de la Force Publique s’est manifestée en deux phases : riposte musclée manu militari, faisant de nombreux morts et blessés ; riposte par la manipulation médiatique : les populations kinoises ont été en effet convaincues qu’en représailles aux pillages commis par les Noirs, les Blancs venaient de mettre au point une machine sophistiquée qui détectait à la seconde non seulement tout objet mal acquis, mais aussi, tel un chien flaireur professionnel, tout pillard suspect. D’où le quadrillage systématique et manu militari des quartiers « chauds » comme Kinshasa, Barumbu, Renkin, Dendale, Foncobel, etc. D’où la restitution d’autant plus empressée d’un certain nombre d’objets pillés, que des nouvelles alarmantes de malédictions ont commencé à circuler : qu’un pillard qui s’était affublé d’une soutane d’un prêtre missionnaire est aussitôt devenu fou. Qu’un autre pillard qui avait ingurgité quantité d’hosties volées à la sacristie de l’église Saint Pierre de Kinshasa a vomi du sang en abondance jusqu’à l’hémorragie totale. Qu’un troisième pillard qui avait subtilisé des fonds d’un tiroir-caisse de la procure paroissiale a vu sa maisonnée être envahie complètement, tel un cauchemar, par des billets de banque se reproduisant à l’infini. Le pillard serait mort étouffé.

  1. Totem et tabou
Pour se protéger contre toute cette répression policière, les militants de l’ABAKO ont trouvé dans les traditions totémiques des boucliers apparemment imparables. L’un de ces boucliers magiques n’était autre que le « N’kodia » (coquille d’escargot), à la fois armoirie et symbole de l’ABAKO. Ce totem prenait du coup chez les militants traqués par la police valeur d’amulette et de fétiche protecteurs. Beaucoup d’entre ces militants n’affirmaient-ils pas aux jeunes Kinois que nous étions, que lors des fouilles serrées et tatillonnes de la police dans les quartiers « chauds », il suffisait de porter au cou l’amulette « N’kodia » pour disparaître mystérieusement de la vue des policiers. Comme un fantôme !

En fin de compte, l’histoire du 4 janvier 59 retiendra qu’hier comme aujourd’hui, « radio-trottoir » reste à Kinshasa un puissant moyen de communication et de mobilisation. Maintenant aux historiens et aux anthropologues d’interpréter à leur juste valeur les interférences entre souvenir et mémoire, entre mythe et réalité. Je conclus comme ces deux journalistes belges, Jacques Marres et Pierre De Vos dans leur ouvrage commun, « L’équinoxe de janvier », véritable journal de bord des évènements de cette journée fatidique ; s’inspirant de G. Apollinaire, ils ont dit avec lui : « Bien voir au-delà, tout voir, de près. Et que tout ait un nom nouveau. »

YOKA Lye


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Confidences du chauffeur du Ministre

BONANA : Vivres et poulets« bancarisés » !

Branle-bas devant les banques en la veille et au lendemain des fêtes de fin dannée (et qui, je rappelle, ont failli être celles de la fin du monde, neussent été quelques anomalies techniques au niveauastral et céleste). Ce matin, en passant devant un certain nombre de banques aussi bien à la cité quau centre-ville, mon patron le Ministre des Affaires stratégiques ( à prononcer avec respect) a été surpris et même quelque peu déçu. Pourtant, lui avait donné sa parole dhonneur la télé nationale répercutée par radio-trottoir, radio-télé-gueules et télé-couloirs), que tous les agents, quils soient den-haut-en-haut ou den- bas-en-bas, tous absolument devaient être payés avant les fêtes. Et par « bancarisation » obligatoire. Mon patron ne comprenait donc pas ces affluences indisciplinées devant les banques. Jai respectueusement expliqué à mon ministre ce que nous les chauffeurs appelons « effet-entonnoir », prenant ainsi exemple sur les embouteillages de la ville : il sagissait du fait que tous ces fonctionnaires ont tous été payés au même moment et aux mêmes endroits. D ces embouteillages dagents, den-haut-en-haut ou den-bas-en-bas, devant les guichets. Jai alors raconté à mon patron de ministre lincident qui a failli me coûter le divorce davec ma femme à cause de la bancarisation. Ah ! la bancarisation ! Ma propre femme ne me croyait plus : chaque matin, cétaient les mêmes palabres parce quil me fallait absolument lui laisser de largent liquide pour la popote de la journée, et au prix elle lexigeait. Javais beau lui expliquer quaujourdhui cest indécent pour tout chauffeur civilisé davoir sur lui de largent liquide, wapi, pas question ! Quen chauffeur de ministre première- classe, la mode était aux chéquiers et à la puce pour distributeur bancarisé, wapi, pas question ! Javais beau lui expliquer que tout est bancarisé : que les vivres, croupons de dindons et riz pour les fêtes, sont bancarisés ; que les primes de gratification de fin dannée sont bancarisées, que les « banquesLambert » et autres prêts à usure sont bancarisés, que les tournées de bière au nganda-bar sont bancarisées, que les dîmes au temple du pasteur sont bancarisées, wapi, pas question ; elle ne me croyait pas. Aussi bien, lautre jour, veille de bonana, a-t-elle cru bon farfouiller dans mes poches pour surprendre quelques francs ou dollars cachés. Entre nous, chuuut ! elle a un peu raison, la chère épouse, puisque le mois passé, malgré mes explications sophistiquées sur la bancarisation tous azimuts, elle avait découvert au fond de mes chaussettes une petite réservestratégique de dollars. Cétaient, oui, des dollarsstratégiques qui me servaient dintervention rapide, ou descapade  en cas de « quest-ce-que-cest » (comme disent les Kinois). Et, à loccasion de cette découverte félonne, mon épouse avait alors explosé: « Ah ! Espèce de caméléon, cest donc ça, la bancarisation ? ». Depuis lors, lépouse attrape de lurticaire dès que je prononce le mot de « bancarisation ». A un moment, elle a même cru que cétait le nom de code de quelque « londonnienne » camouflée, et a menacé de maccuser à mon patron de Ministre. Donc, la veille des fêtes, elle a exigé daller elle-même à la banque et ma confisqué ma carte de crédit pour distributeur bancarisé. Elle ma dit quelle allait y retirer ce qui restait de primes de gratification, mais surtout de vivres de fêtes, testicules de chauves-souris compris. Jai eu beau lui dire que la bancarisation avait ses règles, que sans code secret bancarisé, elle ne pourrait pas entrer en possession des dollars ou francs bancarisés ; wapi, pas question ! Jai entretemps sacrifier à la ponctualité à laquelle mavait soumis lexercice de ma profession de chauffeur de ministre et faire avec ma femme un détour par le distributeur du quartier. Trop de monde ! Jai donc planté cette femme de peu de foi en la bancarisation ; et jai aussitôt filé chercher mon patron de ministre. Et en retard !
Cette femme de peu de foi mapprendra plus tard quelle avait attendu toute la journée pour accéder au distributeur. Mais quune fois son tour arrivé devant cette machine cracheuse dargent et de vivres, grâce au concours dun gentil fonctionnaire, elle a compris son tort : il fallait le code secretElle men a tellement voulu pour ce code « caché sans doute dans mes chaussettes », quà mon retour, jai eu beau expliquer que la fameuse machine bancarisée ne distribuait pas de riz ni de poulet, wapi, pas question ; elle ma boudé toute la veillée de bonana, et a fait embargo au lit conjugal.
Mon patron de ministre avait lair découter attentivement mes mésaventures bancarisées. Sans doute se trouvait-il dans la même situation chez lui, en ménage


YOKA Lye


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(dernière dépêche, diffusée en novembre 2009, du blog de Jodi sous son ancienne forme)
 

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