lundi 7 janvier 2013

Ma femme mariée se rebiffe : elle sera la vivante et je serai le veuf !

Didier de Lannoy

Veuveresse ya bomoyi !

2013
 
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Waooow ! Ma femme mariée se rebiffe : elle sera la vivante et je serai le veuf !
- A mon unique amour, pour saluer sa liberté ! (et à Tchen...)
- Ton amour ou ton core-business ? Nayebi yo ! (qu'est-ce que Tchen vient faire dans cette histoire ?)
- M'enfiiiin, mamouuuuuuuuuuur...
(elle-même le sait !)
 
(depuis le 8 janvier 2013 jusqu'...


D'abord, c'est dans sa tête à lui que ça ne se passe pas trop bien... ou dans ses pieds
 
J'ai un pied qui n'aime pas

- On vit dans le même quartier pourtant, au même endroit, on s'habille pareil, on a les même habitudes, la même taille, la même couleur, on obéit à la même personne, on actionne le même pédalier, on marche sur les mêmes trottoirs, on grimpe à la même échelle, on joue la même partie de foot, on saute à pieds joints dans les mêmes flaques, on est affilié au même syndicat, on travaille pour le même gang...
l'autre !
Ni l'autre l'un.

Ils vivent ensemble, comme ça, depuis toujours... Et pourtant, pourtant, pourtant... depuis quelques temps et je ne sais pas pourquoi... mes deux pieds ne s'entendent plus, ne veulent plus se voir, ne supportent plus de se toucher...
Mes deux pieds se ressemblent et se détestent. Et ils se détestent particulièrement de se ressembler tellement. L'un est arrogant et l'autre méprisant. L'un dédaigne l'autre et l'autre mésestime l'un. L'un se moque et l'autre nargue.
Ils font tout ce qu'ils peuvent pour s'ignorer ou pour s'éviter... pour ne pas se retrouver à le même hauteur
- Et pourtant, je fais tout pour éviter les disputes... Je m'assieds en mettant la jambe gauche sur le genou droit ou la jambe droite sur le genou gauche (comme on croise les doigts pour éviter les problèmes, en mettant le majeur sur l'index)... J'ai même essayé de dormir les jambes écartées...
mais ils s'attirent, s'aimantent... et finissent toujours par se retrouver... côte à côte, dans le même lit, sous la même table, sur la même bicyclette... et
- L' horreur !
par se toucher et recommencer à se détester.

Ils ne s'affrontent pas directement 
- Chacun sachant que la chute de l'un pourrait provoquer la chute de l'autre !
mais, quand personne ne les regarde (à table, pendant le déjeuner), ils n'arrêtent pas de se donner des coups, de se chamailler et

- Massacreur de rêves ! Désenchanteur ! Tu as filouté mes talents et éventré mes illusions ! A cause de toi, le jardin de mon enfance est devenu une décharge publique, un champ de détritus ! Tu m'as volé ma liberté alors que je suis fan de ma liberté !
- C'est quoi ça pour un cahier de revendications ? De quoi tu te plains encore ? J'aiiiiiiiiiiime ta liberté !
- Oui, en me la volant !
- N'importe quoi ! Rien de plus sérieux ?
- Je te reproche aussi... que tu veux toujours "monter" alors que je voudrais rester au salon, écouter de la musique, danser !
- Toi alors ! Moi aussi je peux te reprocher pleiiiiiiiin de choses... par exemple de ne jamais lire ce que j(e t)'écris !
- Des textes dans lesquels tu nous déshabilles ?

- Il n'y a pas de mal à ça, oh ! On est des spéciaux ! On n'est pas des typiques et on n'est pas des moches ! Et tu es toujours aussi belle, non ? Cultivons notre différence ! Et puis, je ne nous déshabille pas, je...
- Cesse de fanfaronner ! Je ne suis pas mariée "pour toujours" ou "à durée indéterminée" ou "à un seul homme dans la vie" ! Depuis le début, notre couple fonctionne au contrat, non ? Une  convention renouvelable ou non, avec cahier des charges, détermination des échéances et des conditions d'exécution du marché... à savoir, pour l'essentiel, que je ne te suis jamais acquise et que tu dois toujours me conquérir ! Et ce n'est pas en écrivant tes bêtises que tu y parviendras ! Et d'ailleurs, tu ne m'as même pas dotée et je ne suis pas ton bien ! Keba na yo Papa, je suis une personne libre et tu peux toujours me perdre !
- M'enfin, petite chérie, je ne dévoile pas les secrets de notre Palais, je ne trahis personne, je nous mets simplement à l'abri des rumeurs malveillantes, je nous bliiiiiiiiiiiinde !
- Ouais, ouais... je me comprends ! Et quoi encore, quel autre reproche ? Qu'est-ce que tu vas encore inventer ?
- Je te reproche également... de ne plus me sourire quand je te regarde...
- Sans effet ! ... Et arrête de me surveiller, flicard !
- Et toi alors ! Agitée, femen, voyoute, mouvementeuse ! Tu veux toujours viiiiiiiiiiiiivre... boire et causer, bouger, fumer, nager, bronzer, danser, surprendre les chevreuils dans la forêt de Soignes et les cerfs ou les sangliers dans la forêt de Nassogne, passer en boucle les disques de Nina Simone (qui a eu raison de quitter Jacques Brel) et d'Amy Jade Winehouse (qui n'a pas eu raison de cesser de boire), aller voir les copines, passer la soirée à Inzia, jouer au scrabble, planter des tomates et regarder pousser tes courgettes et (je n'arrive pas à voir la différence) tes concombres !
- C'est bien ce que je pensais !
- Quoi ça encore ?
- Que tu n'arrives pas à distinguer une courgette d'un concombre !
- Et alors ?
- Cela veut dire que tu ne t'intéresses absolument pas à ce que je fais ! Et d'ailleurs, depuis que tu es devenu sourd et que tu ne peux plus ni boire ni fumer, tu es devenu carrément insupportable... grognon, autiste, impossible à contenter... et totalement incapable de vivre en société !
- Peut-être... mais je ne peux certainement pas me passer de ta compagnie ! Encore moins qu'avant !
- Et ma liberté, tu la mets où ? Je veux bien être ta veuve mais je ne suis pas ta morte ! Indépendance cha-cha !
- Alors que nazali vrai colon te ! Coopérant kaka ! Yo vraiment ! Oh !
 

- Arrête de rigoler, tu m'vénères !
de s'insulter méchamment. Et aucun d'eux ne veut jamais rien céder. Et pourtant, quoi qu’il arrive... ces deux-là s’aiment toujours et ne peuvent pas se passer l’un de l’autre!

Ensuite, c'est dans la sienne
Et ça s'enchaîne.

Un jour qu'elle était vraiment de trrrrrrrrrrrès mauvais poil, ma fée m'a dit qu'elle m'avait menti

- Je t'ai toujours menti ! Depuis le début ! J'ai toujours fait semblant ! Quand tu me prenais dans les bras, j'avais envie de vomir !
et pourtant elle ne m'a jamais quitté, non ? Et nous sommes toujours
- Très bien , non ?
- C'est toi qui le dis, foutriquet !

ensemble, non ? Et moi non plus, je n'ai jamais 

- Pas de nzonzing ni de nzing-nzong !
- Rien d'étonnant à ça ! Keuf keuf keuf* ! Qui d'autre que moi pourrait supporter tes sarcasmes et ton désabusement ? C'est dangereux, très destructeur et contagieux, ces engins-là ! Et cesse de rigoler tout le temps quand je te parles très sérieusement, tu m'énerves !

changé de fidélité, non ?

Nzambe, quoi ! Je n'ai jamais été pris en flagrant délit d'adultère par un bedeau ou par des acolytes dans l'arrière-boutique d'un presbytère, un dimanche matin, à l'heure de la grand-messe, en compagnie de la femme 

- N'essaie pas de me raconter encore des histoires!
du curé de la paroisse, une créature du diable, une sauvage, une enragée qui, se sachant enceinte et 

- Tu n'es même pas drôle !
cherchant à me faire endosser la paternité de l'enfant qu'elle portait, m'avait tendu un piège pendant que son mari bossait et tondait ses brebis... et s'est mise à hurrrrrrrrrrrrrler au viol ! Je n'ai jamais dû attendre que la nuit soit tombée pour que l'émeute se calme et que la populace chrétienne se disperse et 

- Cesse de voler, de trafiquer et de déformer les histoires des gens ! Cesse de me raconter des histoires qui se passent dans l'Iowa ou dans le Bandundu !
que les forces de l'ordre me sortent de cet embarras ! 


Aucune patronne ne m'a jamais non plus trouvé
- Oooh, ce pantalon trop moulant, surtout au niveau des couilles et du popotin ! Ce t-shirt trop collant qui met si bien les pectoraux en valeur !
trop sexy et, après en avoir discuté avec son mari et 

- C'est comme avoir un calice d'hosties consacrées à portée de la main, mon Père, et ne pas pouvoir communier... à cause d'une prétendue allergie au froment ! C'est comme avoir un pot de pili-pili sur la table et s'interdire d'en mettre dans son assiette ! C'est intenable, intolérable, inacceptable !
son confesseur, ne m'a jamais licencié  
- Veux-tu bien cesser de me raconter des histoires, douchka ! Qu'elles se passent à Des Moines ou à Masi-Manimba, tes histoires ne m'ont jamais fais rire !
au motif que je mettais son ménage en danger.
 
Bon, d'accord ! L'amour ce serait donc une pathologie sociale à laquelle on
- On monte, ma fée ? Je suis fatiguéééééé !
- J'ai envie de te tuer quand tu me dis que tu es fatigué ! Je ne supportes plus que tu sois fatigué... et que tu veuilles tout le temps « monter » !
- M'enfin, ma fée, pourquoi tu me dis des bêtises comme ça ? Tu ne pourrais pas être un peu plus gentille ?
- Je ne suis pas ta fée et je ne suis pas gentille ! Cesse de m'insulter !
- M'enfin, ma douce...Tu te souviens, dans le temps, comment tu me portais dans les moments difficiles... comment on se soutenait l'un l'autre... comment on barrait tous les coups... et comment on les rendait !

- Keuf keuf keuf ! Je ne suis pas le repos du guerrier... d'un retraité nostalgique et larmoyant !
- M'enfin, mon tendre amour, mon bel amour...
- M'enfin quoi ? Et tu veux que j'te dise ? Tu devrais cesser d'essayer de m'être agréable, tu ne sais pas t'y prendre ! Et tu ne peux pas savoir combien ça m'énerve  !
- Pas même un peu de tendresse ? On ne se regarde plus ? On ne se sourit plus ? On ne se touche plus ? On ne se donne même plus la main ?
- Douchka est en demande de bisous, c'est ça ? Comme un tout petit garçon, c'est ça ? Mais je lui ai acheté du steak (en promo), de la minarine, le Monde diplomatique et le Courrier international et de la confiture de myrtilles (et je lui ai même volé une dizaine de bouteilles de vin de messe et j'aurais pu me faire choper !) chez Delhaize, non ?
  Et  du roll-mops, du lait et des yaourts, un carton de boîtes de jus de pommes, des pâtes, de la crème à raser, du papier de toilette et autres "produits de première nécessité" à Aldi, non ? Cela devrait suffire à son bonheur, non ? Et je lui ai même préparé une salade de tomates ! Avec du citron, de la coriandre et de la ciboulette ! Et sans huile encore ! Le monsieur n'a vraiment pas à te plaindre  !
- Mais je ne me plains pas !
- Tu n'arrêtes pas, pleurnichard  ! Tu es le pauvre petit malheureux et, moi, je suis la vilaine et méchante sorcière ! A quoi tu joues ? Je ne suis pas ta maman !
- M'enfin, Mère...
- Et ne me tourne pas le dos pendant que je te tue ! Et cesse de m'appeler Mère ! Et arrête de rigoler stupidement quand je te t'enfonce un couteau dans le coeur (et que je brasse et que je touille...) et que je n'en peux plus et que je te foudroie (et que je te lapide et que je t'empale et que je te dézingue et que je te garrotte et que je te raccourcis...) !
- M'enfin, ma fée... Sache que je suis, pour toujours, ton prince charmant, ton mari prévenant, et fidèèèèèèèle...
- Tu ne m'as jamais trompé, d'accord... mais tu ne m'as jamais non plus satisfaite ! As-tu jamais cherché à me faire vraiment plaisir ? A me faire... ou à m'offrir ce que, moi, j'aime ! Tu ne m'as même jamais offert un voyage à Cuba alors que j'en rêve depuis toujours ! Et si tu savais le nombre de fois où je suis descendue aux toilettes, en cachette (tu croyais j'étais partie à la cuisine ou à la salle de bains), pour que tu ne me voies pas pleurer...
- M'enfin, tu es ma femme... ma petite princesse adorée, tout de rose vêtue...
- Je suis républicaine ! Et je suis rouge, pas rose ! Je déteste le rose !
- M'enfin...
- Tika ngai ! Tu fais chier !
- M'enfin ! On ne peut même plus monter de coups fumants ensemble ?
- Stop, je te dis ! Je n'ai pas envie de poursuivre cette conversation ! Et si tu n 'es pas d'accord, tu peux toujours divorcer !
- Divorcer ? Jamais, ma douce ! On ne scie pas la branche de l'arbre à laquelle on s'est pendu !
- Libertééééééé !
- Et si je disais simplement... que... que je ne peux pas vivre sans toi ?
- Tout de suite les grands mots ! Tu ne m'as pas compris: nalingi natikala libre lokola motema elingi !
- Et si je te disais que je t'aiiiiiiiiime ?
- Gnagnagna, tu compliques tout ! Et tu m'en demandes beaucoup  trop ! C'est très dur à porter pour une personne seule ! Indépendance cha-cha ! Tu ne pourrais pas te prendre une copine, non ? Même à mi-temps ? Cela ne te fatiguera pas trop et ça me soulagerait un peu ! Je pourrais même t'aider à en trouver une, si tu n'y arrives pas tout seul...
finit par se résigner ? 


L'amour est-ce aussi une maladie qui s'attrape à l'usure ? Et qui se transmet également par l'amertume et le dégoût, les privations et les frustrations, les cystites et les cancers, les lassitudes et les manigances, les crampes et les élancements, les fureurs et les ressentiments, les suées et les braillements ? Et si, parfois, ça dure toujouuuuuuuuuurs, sans doute est-ce parce qu'il vaut mieux finir son existence dans les pantoufles qu'on a aux pieds depuis longtemps, à l'abattoir que l'on connaît, là où on a ses meilleures habitudes ? C'est ça la vie des couples ? C'est toujours comme ça que ça se passe ? L'amour c'est aussi
- Je te l'ai déjà dit cent fois mais tu n'as jamais voulu m'écouter, douchka ! Tu m'exaspères !
- Tu me détestes autant, ma fée ? Tu ne m'aimes plus ? Tu ne m'as jamais aimé ?
- Je déteste les gens que j'aime ! Et je déteste aussi le ciel quand il est gris ! Je voudrais être vivante et que tu sois le veuf !
- M'enfin...
-
Cette conversation est terminée !
quand on chie dans les mêmes toilettes ?


Bon, on ne se comprend plus ? C'est un problème d'intelligence ou d'audition ?

 
Les valises et les télévisions explosent. Les gâteaux d'anniversaire et les femmes enceintes explosent. Les portails de sécurité, les canots et les bouées de sauvetage, les trousses de secours et 

- Et même la guitare de Franco et le  saxophone de Verckys, sur scène, en pleine course au pouvoir !
les parachutes ventraux explosent. Les ambulances et les corbillards explosent. Les pierres tombales et les fosses septiques explosent. On tire au bazooka ou au fusil mitrailleur sur un noyé qui refuse de sombrer. On lance un missile sur un cercueil qui refuse d'aller au cimetière. On vide le chargeur de son revolver 

- Ooh ooo !
sur un tireur de vin de palme qui tarde 
- Alors que le peuple a soif !
à descendre de son arbre.

Tout pleut ! Les oiseaux tombent du ciel.
Il pleut des grenouilles, des chauves-souris, des chats et des chiens.
Et plus personne ne les ramasse.
Il pleut des chaises roulantes, des voitures d'enfant, des paires de lunettes, des pieds coupés et des mains tranchées
Des poubelles et des toits en tôle s'envolent. On tient les enfants en laisse et on attache les vieux à des piquets


Et alors, au final, on fait quoi ?

Elle m'envoie à Kinshasa... pour y passer l'hiver dans un pays différent... sans hiver et avec plein de copains et de copines et
- Je sentais ça venir !
ne m'y rejoint pas !

Et je dois bien constater que le veuvage lui va fort bien à ma femme mariée, cela la rend complètement anaphorique... elle n'arrête pas
- C'est quoi encore ce bord-là ? Elingi koloba nini ? Elle te trompe avec une amphore ? Loba nainu !
de faire des anaphores...

Moi, veuve d'un vivant, je ne vais pas me casser le cul pour exister, passer des coups de fils, créer l'événement, envoyer des dépêches d'Olm ou
- Je ne sais même pas ce que c'est ni comment ça s'envoie ni à qui !
des tweeds à La Rochelle...

Moi, veuve d'un vivant, je resterais bien trois semaines dans ma chambre, sous la couette, sans même me laver, sans faire de courses  ni recevoir
- Sauf ma petite-fille Loïle, venue me donner des bisous... et faire un gâteau !
personne...

Moi, veuve d'un vivant, je suis fan de ma liberté et je ne suis pas fatiguée
- Mais j'exige quand même de pouvoir changer de rôle : que je sois la vivante et que lui soit le veuf !
de me retrouver célibataire...

Moi, veuve d'un vivant, j'irais bien passer quelques jours au soleil, toute seule, sans mari ni compagne, sans maîtresse ni amant, sans
- Je m'en ferai là-bas !

poteaux ni frangines, hors circuit, libre de tous mes mouvements et de toute ma pensée, sans accompagnateurs, guides touristiques, directeurs de conscience ou commissaires politiques, à La Havane
- A l'hôtel Lido, à 30 cub la chambre (d'après Mohamed) ? Je trouverai certainement moins cher ailleurs, dans une pension de famille ou directement chez l'habitant !
avant que le vieux Fidel ne disparaisse et, avec lui, mes dernières illusions, le rêve d'une société réellement libre, égale et fraternelle... dans laquelle le soleil, la rumba et toutes les couleurs du monde trouveraient enfin leur place...

Moi, veuve d'un vivant, je vais pouvoir tout faire ou ne rien faire du tout, tout me permettre ou ne rien m'autoriser, danser
- Jusqu'à pas d'heure !
danser, danser, danser, danser, danser devant
- Jusqu'à ce qu'il s'use, qu'il fonde ou qu'il entre en fusion !

le miroir, me maquiller ou me barbouiller la figure, mettre des talons ou des baskets, porter une nouvelle vieille robe ou un nouveau jeans de deuxième cul, jouer au scrabble avec Alain ou faire du jardinage avec Malou et Marychelo, passer dire bonjour à (et papoter
- Et kotonga batu, songuer-songuer ?
- Jamais !

avec) Shayla ou Rachou ou Ileke ou Sinatu ou la Mère Anto  (et sa maman), envoyer des mails (de trois lignes seulement) à Tchen ou à Agnès, téléphoner à ma mère (ou lui demander de m'appeler parce que, pour elle, de Paris à Bruxelles, c'est ofele... et que je dois faire des économies pour pouvoir me payer l'avion) ou terminer la soirée avec Monique... et voir le jour se lever à Inzia...

Moi, veuve d'un vivant, j'insulte
- Miyibi !
copieusement les dealers de la rue de la Paix... qui s'installent
- A 850 euros seulement ! D'accord, les portes ne se ferment pas bien... mais elle roule !
dans ma nouvieille voiture pendant que je picole à Inzia, avec Monique, et me piquent une cartouche de cigarettes qu'Alain vient de me ramener de Lomé et
- Mais je ne peux pas dire quoi ! C'est vraiment très grave ! Et je suis furieuuuuuse !
autre chose encore...

Et comment ça se termine tout ça ?

(Plutôt) bien et (presque) équitablement.
En janvier 2013, tous les deux seront veufs et tous les deux seront vivants.

Lui sera toujours à Kinshasa et elle
- Ainsi donc, je ne serai plus la seule veuve et lui ne sera plus le seul vivant !
partira à La Havane... bronzer et
- Je ne vais quand même pas passer tout mon temps à visiter la maison de José Marti (qui est, certes, un héros national... mais qui n'était quand même pas un coupeur de cannes à sucre !) ou la prison circulaire de l'île de la Jeunesse, à planter du café et des ananas aux environs de l'ancien Campamento Cinco de Mayo... ou, en cas de cyclone dévastateur, à me réfugier dans un abri anti-américain !
danser, danser, danser
- Oh ! Avec qui ?
- Avec tout ce que je trouverai sur place, douchka... avec tout ce qui bouge bien  des pieds, des jambes, de la tête et des épaules et, surtout, des hanches et du popotin... et qui danse avec respect ! Des produits locaux, pas des touristes, sois rassuré ! Ou même avec des miroirs ! Même concaves, même convexes, même piqués ! J'ai voulu partir avec ma bague de femme mariée mais, à l'aéroport, le détecteur de métaux l'a découverte et j'ai dû m'en débarrasser !
- Lokuta na yo ! Tu n'as jamais eu de bague de femme mariée ! Et ça fait longtemps que la page 4 de ton livret a été déchirée !

danser, rêver à un autre monde, danser... et soutenir Fidel et soutenir (ou se rendre à son matanga ?) Hugo !

Elle et lui se retrouveront à Bruxelles !
- Tout sera comme avant ? On va recommencer à faire des bébés ?
- Pimpon pole... mundele madesu ayei ? Keuf keuf keuf ! Juste avant qu'on ne t'attache une étiquette au gros orteil ? Tu as encore du jus ?
- On va se taper douze mongonzo (à deux) tous les soirs, on va causer (à deux) jusqu'à l'aube...
- Tu oublies que tu es sourd et que tu ne peux plus boire aucune boisson alcoolisée !
- Bon, bon, d'accord ! ... On monte ?
- Ebandi lisusu ! Il n'a toujours rien compris et il ne comprendra jamais rien ! Ngai mawa trop ! Mokili pasi !
Au printemps ! Parce que, quoi qu’il puisse leur arriver à ces deux-là
- Hum... si je puis me permettre d'entrer dans votre relation très particulière... peut-on dire à présent, sans risque de se tromper, que, hum... votre relation  tellement particulière est, hum...  devenue "tricontinentale" ? Ne relève-t-elle pas plutôt, hum... si je puis me permettre, du commerce triangulaire ?  
- Ngo ooo ! Congo na biso eee, bana basi bayebi kolata...
- Ngo quoi ?

- Laisse béton, mundele !
à Kinshasa, à La Havane comme à Bruxelles... ils s’aiment toujours... et  
- Encore mieux qu'un couple, une association de malfaiteurs (disait Jipéji) !
ne peuvent pas se passer trop longtemps l’un de l’autre sans trébucher ou se casser la gueule dans l'escalier... et finir par se faire alpaguer et embastiller par les flics de la bonne vie, de la bonne gouvernance, du bon camp, du bon plaisir du prince, de la bonne ligne du parti, de la bonne mesure, de la bonne pensée,
des bonnes raisons, du bon usage, du bon aloi, de la bonne croyance et du bon dieu (tel que figurant dans la sainte bible ou le saint coran ou même dans la torah ou l'avesta ou ce chef-d'oeuvre de littérature religieuse qu'est le kama-sutra), du bon goût, de la bonne chair, des bonnes moeurs et des bonnes manières, des bons du Trésor ou du sent-bon !



Et, en attendant, la rue Maes, c'est comment ? 
En crise et à l'abandon ?
Meuuuuuunon, Lianja (alias Mobali ya Malika) et Raymond Nzanga n'envisagent pas de déménager tout de suite. Ni même Sonia Mouaffou Cabezas... pourtant réfrigérée... pourtant attaquée alors qu'elle revenait, à pied, vers 22h, du bistrot-terrasse de la place Flagey où, ayant fui le chômage en Espagne, elle avait enfin retrouvé du travail... pourtant balafrée, tailladée et défigurée par un taré, armé de tessons de bouteille, complètement allumé et
- Un fou de Dieu ?
- Tous les Dieux rendent fous !  
fanatisé, qui lui reprochait de servir de la bière... C'est ignoble, horrible, terrifiant !

Mais il se passe aussi, rue Maes, d'autres aventures, beaucoup plus riantes et tout à fait réconfortantes.
On y trouve également, rue Maes
- Un nouveau couple se jette à l'eau ! Des djeuns !
Sukina et Kevin... 
On leur fera confiance ! Ils  nous feront l'avenir ! En mieux !



ddl
alias Vié ba Diamba


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* Keuf keuf keuf ?
Ben oui ! La toux de la veuve mariée qui continue de fumer... alors que son bonhomme 

- Parti à la mine, chercher la viande de chasse pour nourrir la famille nombreuse... comme chacun sait !
de mari ne peut même plus crapoter, oh !





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